Le Grotesque Contre le Sacré
Les sculptures publiques de Claes Oldenburg, dérivées de ses oeuvres graphiques, stigmatisent le grotesque urbain et architectural des mégapoles comme Chicago ou New York. Hanté par une mystique, le gratte-ciel, de Sullivan à Mies van der Rohe, devient pour Oldenburg le symptôme du grotesque tragique ou tragi-comique de la modernité. Avec ses objets surdimensionnés, l’artiste pop dresse les figures sidérantes d’un monde hors de ses gonds, lié à une inversion et à une confusion des valeurs et se livre à une critique … Lire la suite de la technocratie et du mercantilisme. Il débusque les reliquats du sacré lié à un culte secret de l’effroi dans l’art et l’architecture de son époque. La Pince à linge de Philadelphie, la Batte de base-ball de Chicago sont une parodie de la nostalgie du sacré présente dans l’art de Brancusi, et notamment ses célèbres Colonnes sans fin symbolisant une métaphysique de la liberté et une conception traditionnelle du monument associée au fantasme d’une communauté organique et réconciliée. Les anti-monuments burlesques, néo-dadaïstes et corrosifs de Claes Oldenburg se font la mémoire de la violence sociale et historique des Etats-Unis. Ils proposent une désublimation libératrice de la création artistique dans le sillage de Duchamp et Picasso contre la rhétorique faussement sublime des éclairs et de la foudre des artistes de son temps. Ces oeuvres à grande échelle, oscillant entre l’angoisse et l’euphorie du grotesque, prennent le parti du corps et de l’imagination, exploitent les vertus curatives du comique, contre la sanctification de la raison, de l’ordre et de la morale qui s’est imposée dans l’histoire de l’art abstrait, l’architecture moderniste et l’art des ingénieurs.
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